Dom Columba Marmion

La Béatification le 3 septembre 2000
Discours et interventions

Discours de S.E. le Cardinal Danneels
Résidence de l'Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège
2 septembre 2000 (français/nederlands/english)

S'il est vrai que les Saints montrent comment l'homme s'approche de Dieu et est divinisé, il est vrai, tout autant, que les Saints humanisent l'homme et lui font découvrir et réaliser sa véritable nature humaine, profonde. Les Saints sont des champions de Dieu, mais aussi des miroirs de l'humanité. Les Saints en effet nous font découvrir qui nous sommes et à quoi nous sommes appelés. Regarder un saint, ce n'est pas seulement apercevoir Dieu, c'est voir qui est l'homme. Comme les artistes, les saints ont des antennes qui captent des ondes et des sons, que nous, nous avons plus difficile à entendre. Et Dom Marmion ?

1. Dom Marmion était un contemplatif. Il avait capté et suivi l'appel, qui nous habite tous, à nous dépasser et à découvrir que tout homme est habité par le secret désir de trouver Dieu, comme source et comme destinée. Un contemplatif nous enseigne que l'homme dépasse infiniment l'homme, qu'il est le voisin de Dieu. Nous sommes destinés à plus qu'à cette existence fugace et passagère, entre deux morts, celle d'avant notre naissance et celle d'après notre mort. Le contemplatif fixe son regard sur cette destinée glorieuse de l'homme, la considère comme l'unique nécessaire et il y consacre tout son être et son avoir. C'est pourquoi, il montre que l'homme est le plus grand quand il prie. Parce que la prière crée de l'être, toutes les autres occupations ne produisent que l'avoir.

2. Dom Marmion nous revèle encore une autre dimension de l'humanisation de l'homme: il mène une vie d'écoute et une existence d'obéissance. Marmion écoutait son âme et son langage secret : la nostalgie du ciel et celle de l'amour des autres. Car l'homme ne grandit que lorsqu'il a le courage et crée le loisir à écouter son âme profonde et ce cri d'amour qui s'élance vers Dieu et le prochain. A la pointe de l'âme, l'homme est un être non pas de l'avoir, du savoir et du pouvoir, mais un être de louange et de charité. Comme disait Bernard aux étudiants de Paris : Messieurs ayez pitié de vos âmes : écoutez-les.
Mais Marmion a écouté aussi de très longues heures l'âme des autres. Combien de prêtres, religieux et laïcs ont été accompagnés par lui pour trouver le chemin de guérison et de nutrition de leurs âmes. Les parloirs de son monastère et de tous les couvents, où il a prêché des retraites, ne désemplissaient pas.

3. Ik ben geen benedictijn, maar een diocesaan priester. In naam van de priesters (diocesane en andere, maar ook van vele leken) wil il hier publiek hulde brengen aan de man die door zijn trilogie "Christus in zijn mysteries", "Christus, leven van de ziel" en zelfs "Christus ideaal van de monnik", de hele spiritualiteit tussen de jaren 20 en 60 (de jaren van mijn vorming) diepgaand heeft beïnvloed. In een tijd die verstrikt zat in de ascetische literatur, bracht hij de Bijbel binnen: Paulus en Johannes. In een tijd waar de liturgie en het kerkelijk jaar amper aangeboord werden als bronnen van gebed en meditatie, heeft hij ze uitgediept en weer binnengebracht. In een tijd waar het getijdengebed meer onus dan opus was, heeft hij psalmen en gebeden weer in ere helpen herstellen. Alle priesters tussen de jaren 20 en 60 van vorige eeuw hebben onnoemelijk veel aan hem te danken. He moest vanavond toch eens gezegd worden.

4. There is a last reason for our gratitude and admiration for Dom Marmion. He comes from Ireland and what we should not forget, is that Dom Marmion is one of those hundreds of monks, priests and even lay people who expatriated themselves from their country and their home to come here in continental Europe and to evangelise us from the 6th and 7th century on. Our fathers in faith come from the isles. They suffered and died here on the continent, founding monasteries along the rivers. There is hardly one diocese to be found in mainland Europe which doesn't have a saint patron coming from over the Channel. We all have a debt to those countries which accepted first the message of Christ, beginning with Augustine and his companions. Dom Marmion himself, left his country, his culture, his language and his comfort to come to us. He was another great son of Ireland.

Thank you, bienheureux Dom Columba Marmion.